A la conquête du second visa vacances-travail
Je vous racontais précédemment nos différentes options pour la suite de nos aventures. L’une d’elles était de pouvoir travailler contre rémunération, et Morgane avait presque trouvé un job de nounou. Chouette, forte de son expérience à la crèche en France, on pensait que ce serait une formalité de faire une journée d’essai.
Du coup, Morgane passe une journée à s’occuper des enfants d’une famille australienne, qui passent leur temps pieds nus dans le jardin (en Australie, beaucoup de personnes marchent pieds nus dans les rues ou dans le bush). Malheureusement, Morgane doit pouvoir également conduire la voiture automatique de la famille pour balader les enfants, les déposer et les récupérer à l’école, et leur grand-mère veille au grain. Cette expérience tourne mal, par défaut de maîtrise du fonctionnement d’un véhicule avec boite de vitesse automatique… Les réflexes acquis pendant plusieurs années de conduite avec une boite manuelle jouent contre elle. La famille, craignant peut-être pour la sécurité de leurs enfants, préfèrent en rester là malgré le fait que le courant passait bien avec les petits.
On commence donc à désespérer et à se demander comment on va pouvoir continuer à avancer !
Un soir, alors que nous sommes (encore) à l’apéro, Jules vient nous voir avec une annonce trouvée sur Gumtree. Une ferme de crocodiles de la région souhaite recruter ses futurs Wwoofers (bénévoles en quête de travaux à faire), de préférence un couple. Je saute sur l’occasion, et me pare de mon plus bel anglais pour postuler en direct par téléphone !
Le lendemain, la gérante de la ferme me rappelle pour me dire que l’on est retenu, et que l’on doit commencer le 16 juin. Je la remercie, mais je lui dit que je préfère d’abord venir voir à quoi elle ressemble sa ferme de lézards… Elle est surprise, car d’habitude, les gens sont juste contents d’être choisis, mais elle accepte cette pré-visite.
Nous sautons donc quelques jours plus tard à bord de Moody pour nous rendre à Mareeba, à la Melaleuca Crocodile Farm !
Au royaume des crocodiles
La visite se passe très bien, en compagnie de Bryan, un wwoofer irlandais présent depuis 5 mois à la ferme. Il se présente à nous comme le manager de la ferme, et nous fait faire le tour des installations. Il a passé 3 mois en tant que wwoofer ici, mais depuis 2 mois il est rémunéré pour son travail. Il nous montre la cabane qui nous servira de logement, dans laquelle il y a encore aujourd’hui un autre wwoofer que nous remplacerons donc. Cette cabane est une sorte de préfabriqué, dégueulasse en l’état !
Bryan lui partira fin juin, et n’aura que 2 semaines pour nous former aux tâches quotidiennes que nous devrons effectuer la plupart du temps seuls. On rencontre enfin le couple de gérants, Sarah et Steeve, des australiens qui ont un fort accent local. Morgane aura du mal à les comprendre, surtout lui.
On finit donc la visite, et on se laisse la suite de la journée pour réfléchir à leur proposition. Traiter avec des crocodiles, c’est quand même un peu dangereux. Mais le lendemain, on rappelle les gérants pour leur annoncer que nous sommes ok, et qu’à compter du 16 juin, nous serons à la ferme pour les aider pour 3 mois de wwoofing. Cela nous permettra de demander notre second visa, synonyme d’une deuxième année en vacances-travail en Australie. Enfin on a trouvé notre billet de sortie de Cairns !
Les premières semaines
Après avoir dit adieu aux copains du backpack à Cairns, et au-revoir à Jules, Morgane et moi partons pour Mareeba.
Nos tâches quotidiennes sont assez basiques :
– Nourrir les crocodiles les lundi, mercredi et vendredi
– Nettoyer leurs bassins les mardi, jeudi et samedi
En échange, nous avons le logement, 100$ chacun pour nos courses de la semaine, et bien sur, dans 3 mois, notre billet pour une deuxième année australienne.
Il faut 1 à 2 fois par semaine aller à l’abattoir de poulets situé à l’entrée de la ville pour récupérer d’énormes bacs remplis de têtes de poulets, ce qui constitue la seule nourriture des crocodiles. Les plus gros, servant à la reproduction, ont eux droit à des poulets entiers.
C’est Morgane qui la plupart du temps effectue cette tâche, pendant que je m’occupe de la ferme. On ne peut pas dire qu’elle soit très joviale à l’idée de se lever le matin pour cela, mais elle ne rechigne pas à la tâche.
De mon côté, je dois avec parfois l’assistance de Morgane, m’occuper en plus des « green bins », qui sont des boites en plastiques individuelles, dans lesquelles sont mis des crocodiles pendant plusieurs mois. Cela permet à leur peau de se régénérer, loin des disputes continuelles entre locataires des bassins collectifs. Car oui, ces crocodiles sont élevés pour un but bien précis : leur peau, vendue ensuite aux grandes marques de la mode en Europe. La viande sert également aux restaurants locaux, et le reste des animaux abattus servira aux chinois et aux taxidermistes. Un destin peu enviable.
M’occuper de ces green bins me fait peur pendant 2 semaines. Si les nourrir est assez facile, les nettoyer est un travail délicat, où je crains de me faire bouffer la main à chaque ouverture de la boite ! Les crocodiles font ici entre 1,5 et 2m, et peuvent surgir sans prévenir en s’appuyant sur leur queue.
Au bout d’un certain temps d’adaptation, Bryan nous quitte, nous laissant presque seuls maîtres des lieux. Sarah, la gérante, est en fin de congés maternité, et Steeve quant à lui, est plus souvent rendu à Townsville plus au sud pour passer son brevet de pilote d’hélicoptère commercial.
Revue des troupes
En fait, ce que j’apprécie le plus ici, c’est de pouvoir être au milieu de tous ces animaux. La ferme c’est :
– 5 chiens (Cinda, la mère american staff, Rusty, le père et Eclipse et Spud les chiots, sans oublier coco la petite chienne de maison jack russel)
– 2 moutons
– 1 kangourou
– 3 chevaux
– des centaines de crocodiles de mer
– 4 crocodiles de rivière (appelés freshies, ils sont plus dociles que leurs grands cousins, et peuvent être des animaux de compagnie…)
– les serpents des gérants (ils ont chez eux tous les serpents venimeux du pays, plus d’autres inoffensifs pour l’homme)
– les rats et les souris pour nourrir les serpents 🙁
– des cochons
– des poules
– des canards
– un veau
Je ne compte bien sur pas tous les animaux sauvages qui croisent notre route (serpents, araignées, wallabies, kangourous, sangliers, crapauds, grenouilles, etc.). Il vaut mieux avoir une certaine tolérance avec l’environnement ici. Les excursions en quad ou en tracteur sont en général le moment privilégié de ces rencontres.
Enfin bref, moi je m’amuse comme un petit fou maintenant, et je me prends au jeu de cette vie un peu décalée ! De plus, la ferme est une base idéale pour l’exploration de toute cette région tropicale pour Morgane et moi. Le week-end, on prend notre van et on part visiter les coins alentours. On vous en montrera l’essentiel dans le prochain article…