Patagonie : notre trek au parc Torres del Paine
Après avoir fait une grosse partie de notre traversée de la Patagonie, nous voici maintenant sur le point d’accomplir l’un des treks les plus importants de notre voyage : le parc national Torres del Paine.
Ce trek, on l’attend depuis longtemps, et c’est pour lui que nous nous donnons la peine (et aussi le plaisir) de traverser cette si belle région. C’est une randonnée qui peut se faire de différentes façons, et qui doit se préparer un minimum pour ne pas faire n’importe quoi.
Puerto Natales, notre camp de base
Avant de partir à l’assaut des montagnes, il faut d’abord se rendre au Chili, à Puerto Natales. C’est LE camp de base pour tout trekker qui souhaite s’attaquer à cette aventure. Dans cette petite ville, qui est vraiment très sympa à visiter, vous pourrez trouver beaucoup d’aide.
Tout d’abord, on vous conseille vivement d’aller manger au « El Living ». C’est un super petit resto, très cosy, où vous pourrez prendre votre temps pour déjeuner ou gouter. Le patron est super agréable et aime passer du temps à discuter avec ses convives. Ça ne vous aidera pas pour votre randonnée, mais c’est toujours ça de pris de bien manger 🙂
Ensuite, on vous préconise de bien prendre le temps de vous informer à Puerto Natales sur la meilleure façon de faire ce trek, et de vous procurer tout le matériel adéquat. Pour nous le plus important, c’est la tente et la carte du site. Normalement, vous avez tous les magasins dans le centre-ville pour vous équiper. Il existe également des réunions d’informations dans certaines hospedajes et backpackers de la ville. Allez-y, ça ne peut que vous être utile ! Vous y apprendrez le règlement du parc (et notamment sur les conditions météos et la possibilité de faire du feu), les moyens d’accès, et la façon de construire votre circuit.
Randonnée du O ou randonnée du W ?
Pour accomplir le trek de Torres del Paine, il faut d’abord se décider sur le circuit que l’on souhaite faire. Le circuit du O vous emmène tout autour des montagnes, sur un trek qui peut durer environ 9 jours. Le circuit du W vous emmène quant à lui aux lieux phares du parc national, et peut se faire en 3 ou 4 jours.
De notre côté, nous préférons faire le trek du W. Entre l’incertitude météo et le temps à passer, on préfère faire au plus simple. Cela nous suffit amplement pour en prendre plein la vue. Ce trek va du glacier Grey au mirador del Torres.
Trek du Torres del Paine : dans quel sens ?
Dernière question à se poser, dans quel sens souhaitez-vous le faire ? C’est important, car cela va jouer sur plusieurs choses :
- Votre capacité à prendre le bateau pour vous aider à entrer et sortir du parc
- Votre temps de marche et vos étapes
Nous optons pour commencer par la partie Est, au mirador del Torres, pour finir par le glacier Grey à l’Ouest. Il ne nous reste maintenant plus qu’à prendre notre bus pour y aller !
Le condor, oiseau mythique des Andes
Pour notre première journée, notre itinéraire est assez simple. Par l’entrée Est du site, nous filons droit vers le camping au pied du Mirador Las Torres. Le sentier grimpe pour arriver à flanc de montagne, puis ensuite le chemin est assez facile à suivre jusqu’au camping.
On surplombait tranquillement une rivière qui coule en contrebas, quand soudain une énorme ombre passe au-dessus de nous ! Un condor ! On avait un peu oublié que ces oiseaux pouvaient se trouver au Torres del Paine.
Et on sort vite l’appareil photo pour immortaliser ce moment, en compagnie d’autres touristes tout aussi heureux que nous. Les condors ont l’habitude de rester en altitude, et loin hors de notre portée. Mais là, celui-ci avait décidé de passer nous dire bonjour.
Un peu avant le camping, on a aussi l’opportunité de voir des glaciers, mais malheureusement hors d’atteinte. On se console en se disant qu’on aura l’occasion d’approcher le glacier Grey.
Mirador Las Torres
Après ces premières émotions, nous arrivons enfin au camping Torres. On plante notre tente, afin d’être sur d’avoir un emplacement, puis on s’attaque à la montée vers les fameuses Tours Torres ! On a un peu peur, car on sait que les tours peuvent se cacher derrière les nuages. Elles sont assez farouches !
Alors un bon conseil, allez-y le soir, comme ça vous pouvez toujours retenter votre chance le lendemain matin. Cela serait dommage de ne pas les apercevoir…
La montée est assez raide à certains endroits, mais cela se fait plutôt bien. On arrive là-haut assez rapidement en fait. Et là, on prend une très grosse claque ! Déjà, il n’y a presque pas de nuages, et pas beaucoup de monde. Nous sommes partis assez tôt et du bon côté pour être sur d’arriver parmi les premiers sur le mirador. On prend donc tout notre temps pour faire des photos, parfois assez stupides, mais peu importe ! Le vent balaie les eaux du lac, et les nuages semblent danser autour des tours. Le froid se fait aussi ressentir au rythme des minutes et de nos corps qui se détendent. Il ne va pas non plus falloir trop trainer ici…
On redescend donc doucement vers notre tente, les yeux pleins d’étoiles. Cette journée a mis la barre très très haute, et on a vraiment hâte de dormir pour être à demain. Bon, il va falloir être patient, car certains de nos voisins de camping semblent décidés à faire la fête…
Cuernos del Paine
Pour notre deuxième jour de randonnée au Torres del Paine, on s’est prévu une longue journée de marche. C’est clairement la journée la plus difficile pour nous ici. Celle-ci nous fait tourner autour du Cuernos del Paine.
On doit tout d’abord repartir en direction de l’entrée Est du parc, puis tourner à droite en approchant du lac Nordenskjold. Cet itinéraire peut se faire via deux sentiers, un que vous pouvez récupérer plus haut sur la montagne, qui est un raccourci facilement praticable (à part à un endroit, où il y avait un peu de boue). L’autre vous rapproche du lac, mais vous perdez également un peu de temps. Notre conseil : prenez le raccourci ! Sur une journée aussi longue, et avec autant de matériel, il vaut mieux s’économiser un peu.
Château sur la montagne
On ne va pas se mentir, on en a vraiment bavé ce jour-là, on était assez éprouvé physiquement avec Morgane. Heureusement, nos efforts sont ici sans cesse récompensés. Tout d’abord le lac qui nous offre des vues superbes et de jolis arcs en ciel. Quoi de mieux pour un petit pique-nique le midi ?
Puis enfin, le Cuernos del Paine, qui est un monument incroyable de la nature. On dirait un château-fort construit sur la montagne ! Ce spectacle nous plonge dans un imaginaire fantastique digne de Tolkien. On voit au loin les condors qui surplombe ces scènes. Bref, nos dos endoloris peuvent continuer de souffrir, nos yeux eux sont bien gâtés.
On arrive enfin au camping Italiano, qui sera pour nous la halte du jour ! Fourbus, mais tellement heureux d’avoir accompli cette journée de marche. On va pouvoir se reposer tranquillement et rapidement, car on va devoir se lever tôt le lendemain.
Mirador Britanico
Pour notre 3e jour, notre mission est de s’enfoncer dans les montagnes, et de grimper jusqu’au Mirador Britanico. Puis, il nous faut revenir sur nos pas, et marcher jusqu’au camping Paine Grande, qui est proche de l’entrée Ouest du parc. C’est aussi le début du chemin vers le glacier Grey, qui sera notre 4e et dernier jour au Torres del Paine.
La marche jusqu’au Mirador est assez facile à suivre, mais le sentier est un peu plus technique. Il faut bien faire attention à ne pas marcher sur une mauvaise pierre. J’imagine que les accidents et les blessures doivent être assez fréquentes ici. En plus, le vent se lève, et on commence à avoir du mal à tenir debout…
Sur notre gauche, on peut admirer en grimpant le Glaciar francès. Décidément, il est très international ce parc.
Une fois au Mirador, on contemple toutes ces montagnes qui nous entourent, et au loin notre vue porte jusqu’au lac Nordenskjold en contrebas. Le ciel est chargé, le vent souffle fort, mais qu’importe ! En plus, il n’y a presque personne. Et ça, on comprend bien assez vite pourquoi.
De retour au camping, on doit chevaucher une chaine pour rentrer à notre site. Un panneau y a été mis pour interdire l’accès au Mirador à cause du vent… En fait, ce matin nous sommes partis tellement tôt que les rangers du parc n’avaient pas encore eu le temps de mettre l’avertissement. Ils avaient raison en tout cas, car le vent soufflait vraiment très fort. Et on est bien content de ne pas avoir eu d’infortune là-haut.
Incendie et forêt blanche
Les voyages, c’est aussi parfois des émotions contraires. En reprenant notre chemin vers le camping Paine Grande, nous avons traversé une forêt d’arbres blancs, témoins infortunés d’une tragédie ayant eu lieu il n’y a pas si longtemps.
Il y a quelques années, un jeune homme avait par mégarde mis le feu à tout un secteur du parc national. En cause ? Un feu mal maitrisé. Pas étonnant que la réglementation soit sévère ici. Le vent est redoutable, et nous l’avons bien vu depuis le début de notre randonnée. C’est donc avec une certaine retenue que l’on admire la beauté de ce qu’il reste de cette forêt.
Après une assez longue marche dans ce décor, nous arrivons enfin en vue de notre dernier spot où planter la tente ! Alors on vous prévient, ce site est très exposé au vent. Nos deux premiers campements étaient en forêt, donc assez bien abrités. Mais là, on doit se coller les uns aux autres, à peine masqués par une petite colline.
Apéro avec une famille chilienne
Un des avantages de ce camping, c’est la présence d’un refuge à côté, et la possibilité de s’abriter dans la grande salle commune pour y manger. Du coup, avec notre nourriture toute sèche, on fonce prendre place au chaud sans passer par la case « je me galère à utiliser un réchaud » 🙂
Assez rapidement, une famille de chiliens nous invite à partager leurs cubis de vin rouge local. Il n’en faut pas plus pour Morgane et moi pour s’engouffrer dans la brèche, et pour les accompagner gaiement ! On parle peu espagnol, mais on en devient presque bilingues avec les verres qui s’enchainent…
Je serai bien incapable de vous redire ici ce que nous avons pu échanger, mais en tout cas c’était extra comme moment ! A chaque fois que l’on peut partager un peu du quotidien des locaux, c’est toujours un plus dans la visite d’un pays. Ces moments donnent de la perspective à un voyage, en nous confrontant à la vision des habitants des endroits que nous traversons.
Malheureusement, le prix à payer sera un peu lourd… Le lendemain matin, on se réveille avec une sacrée gueule de bois. Et additionnée à notre fatigue accumulée depuis quelques temps maintenant, nous sommes complètement démobilisés pour finir notre trek après avoir vu le glacier Grey. Alors on se trouve une excuse, en se disant que l’on a eu la chance de voir le Perito Moreno s’effriter pendant de longues heures. Et on décide de profiter du catamaran arrivant non loin de là pour rentrer sur Puerto Natales. En plus, le vent souffle vraiment très fort, et on craint d’être complètement exténués en montant jusqu’au glacier, car c’est la partie la plus exposée du parc.
Nous voilà donc maintenant tournés vers notre prochain objectif : Ushuaïa et la Terre de feu !