Finistère nord, randonnée sur la terre de nos ancêtres
Depuis plus de deux ans, je voyage avec Morgane à travers le Monde. Mais aujourd’hui, c’est seul et en compagnie de mon père que je vais partir quelques jours dans le Finistère nord. Ce moment, je l’attendais avec impatience. Mon père, c’est un ancien officier de l’armée de Terre. Et c’est surement grâce à lui que j’ai attrapé le virus des voyages.
Je ne peux pas dire que j’ai beaucoup de souvenirs avec mon père. Mais ceux que je garde en mémoire sont nos vacances dans les Vosges lorsque j’étais petit et que nous vivions à Metz. Même si à cette époque, j’étais plus intéressé par mon bol de pâtes instantanées le midi pendant notre marche, ou par ma crêpe en fin de journée à un restaurant qui je crois s’appelait la Petite Pierre (ou était-ce le nom du village ?).
Puis ensuite, vinrent nos vacances en Thaïlande et au Maroc. Et je pense que c’est là que tout a du commencer pour moi !
Enfin bref, depuis 6 ans, et à fortiori depuis mon départ en Australie, j’ai le sentiment que nous sommes plus proches, et je veux pouvoir profiter de cela pour me créer de nouveaux souvenirs avec mon père. Je pense que nous avons perdu beaucoup de temps, et même s’il nous sera impossible à rattraper, on peut toujours essayer de profiter de celui qu’il nous reste. Comme il vit aujourd’hui la moitié du temps dans le Finistère, d’où viennent visiblement les gens portant notre patronyme, c’est là qu’il faut étoffer notre lien.
Finistère nord, les plages autour de Plounéour Brignogan
On commence notre petit périple par un bus partant de la gare routière de Brest, direction Brignogan-Plage. Nous arrivons sur la plage de Plounéour-Trez, et remontons ainsi les plages et le sentier côtier du GR34. On croise sur les plages de très jolis rochers polis par la mer. Cette côte était jadis redoutée par les navires à cause de cela. Mais la légende raconte également que les locaux, de pauvres paysans et pêcheurs, attiraient les navires en utilisant des lanternes posées sur les cornes des vaches. S’ensuivait un pillage en règle des cargaisons des navires échoués.
Lors de nos voyages avec Morgane, on se disait souvent qu’il nous faudrait explorer plus notre propre pays à notre retour. Lorsque l’on voyage, on a parfois l’impression de mieux profiter et de mieux connaitre les pays que l’on visite. C’est un paradoxe assez incroyable dans le fond.
Phare de Pontusval et la plage des chardons bleus
On remonte ensuite jusque la plage des chardons bleus, et on s’arrête à l’Hôtel de la mer pour profiter d’un rafraichissement et de la vue superbe sur l’océan.
Une pause bien méritée après ces kilomètres, et franchement, le petit verre de blanc passe super bien !
Un peu plus loin, notre marche nous fait passer par le phare de Pontusval sur la pointe de Beg Pol. Il n’est pas spécialement impressionnant en soi, c’est simplement une petite maison blanche avec sa tour. Mais il ressort vraiment bien au milieu des rochers gris. Il mesure 18m, mais son faisceau lumineux porte jusque 18km ! Et honnêtement, vu les récifs, il vaut mieux avoir un bon phare pour éviter les naufrages (le dernier date de 1930).
Meneham et les goémoniers
Pour la suite, on file au hameau de Meneham, un ancien lieu de vie pour les pêcheurs, les paysans, et surtout les goémoniers. Jadis, des militaires et des douaniers étaient également présents, et ils ont laissé sur place un corps de garde, qui est la maison coincée entre les blocs de roche. C’est vraiment trop canon comme spot !
Sur place, vous trouverez donc une auberge, afin de vous restaurer, et aussi quelques artisans. Toutes les bâtisses en été restaurées, et leurs toits en chaume sont du plus bel effet. Vous en apprendrez un peu plus sur les conditions de vie des locaux avant notre époque moderne.
Entre autres choses, on apprend comment les gens de l’époque utilisaient le goémon (une plante du bord de mer) pour avoir des compléments de revenus. Ils le séchaient, le transformaient en pains de soude, et le revendaient à une usine.
Chapelle Pol et menhir de Pontusval
Après cette pause repas, on marche jusqu’à la chapelle Saint Pol. Elle date du 17e siècle, et est installée sur le site de l’ancien monastère de Kerlouan fondé par Pol Aurélien. Une tradition ancienne veut que si vous y priez un proche disparu en mer, son corps sera ramené par les flots 3 jours plus tard.
On finit cette première journée de randonnée par le menhir de Pontusval. Il date de 4500 avant Jésus-Christ, mais a été « modernisé » par les chrétiens qui y ont ajouté une croix… Christianiser les anciens lieux mythologiques celtes faisait partie des solutions pour facilement répandre la religion.
Un creux est apparent en haut du menhir. Une tradition voulait qu’une fille désirant se marier dans l’année devait réussir à y jeter un caillou sans qu’il tombe. Mon père et moi avons tous deux réussi ce défi ! (A suivre donc ???)
Randonnée dans le Finistère, deuxième jour sur la presqu’ile de Crozon
Pour notre second jour dans le Finistère nord, on loue une voiture (2 mecs dans une Fiat 500, ça le fait grave !!!), et on prend la direction de la presqu’ile de Crozon et de la ville de Camaret-sur-mer. Comme nous ne sommes pas spécialement pressés, on commence par une bonne portion de moules-frites au port, afin de marcher le ventre plein !
S’ensuit un petit tour pour visiter plusieurs édifices de Camaret-sur-mer :
- L’ancienne église de Saint-Rémi, devenue chapelle de Notre-dame de Rocamadour
- La tour Vauban, vieille de plus de 300 ans
Pointe de Pen-Hir : les Tas de Pois
Un peu plus au sud de Camaret, se trouve la Pointe de Pen-Hir. Cet endroit, en plus d’être somptueux, est connu pour ses légendaires Tas de Pois. Les Tas de Pois, ce sont 6 restes de la falaise, érodés par les éléments, qui sont autant de petits ilots ayant chacun son nom :
- Le Grand Dahouet
- Le Petit Dahouet
- Penn-Glaz
- Chelott
- Ar Forc’h
- Bern-id
Ce dernier, signifiant Tas de blés, serait en fait le reste du premier nom des Tas de Pois (Tas de Foin).
Lagatjar et ses alignements de Menhirs
J’ai beau être breton, je n’ai encore jamais eu l’occasion de visiter le site de Carnac (« quoi ??? mais t’es même pas un vrai breton alors !!! »). Du coup, je suis toujours aux anges quand je vois des sites qui me permettent d’imaginer ce lieu.
Ici à Camaret-sur-mer, on trouve les très fameux alignements de menhirs de Lagatjar. Il parait qu’il y avait à l’origine plusieurs centaines de mégalithes, rivalisant avec le site du Morbihan. Mais aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une centaine. Cela étant, je trouve que la magie fonctionne quand même ! En plus, il n’y a presque pas un chat, donc on peut sereinement profiter du lieu.
Anse de Pen Hat et manoir de Saint-Pol Roux
En prolongeant notre chemin, nous nous arrêtons au Manoir de Saint-Pol Roux. Du temps où le manoir était habité, cela devait vraiment être un lieu incroyable, ainsi perché face à l’océan. Paul Roux était un poète du sud de la France, venu en Bretagne pour prendre ses distances avec le monde littéraire qui l’avait pourtant porté au plus haut.
Son histoire finit tragiquement avec l’arrivée des Allemands lors de la seconde guerre mondiale, et le manoir sera détruit par les anglais lors des raids aériens qui s’ensuivirent. Après ce moment d’histoire pour le moins sordide, il nous faut nous aérer le cerveau !
Lors de notre première journée de marche, j’ai tenté une baignade dans les eaux glacées de Brignogan. Ce fut un échec total ! Je n’ai pas pu me baigner, malgré les couleurs merveilleuses de l’eau. Alors il était hors de question, qu’en cette belle fin d’Août, je ne puisse pas retenter ma chance !
Cette fois-ci mon père s’est joint à moi, pour sa baignade annuelle sur la plage de Pen Hat. Les anciens sont toujours pleins de traditions à respecter scrupuleusement, et c’est avec plaisir que je participe !
Bon soyons honnêtes, nous ne sommes pas restés très longtemps dans l’eau. On a beau être en été, ici elle reste fraiche. Mais c’était un moment particulier que de me baigner avec mon père. On a beau avoir passé la plupart de nos vacances en Bretagne pendant ma jeunesse, je ne me souviens pas vraiment de m’être baigné avec lui par le passé.
Pointe de Toulinguet et pointe du Grand Gouin
La fin de notre journée se fera de la Pointe de Toulinguet jusque celle du Grand Gouin. Un peu de grimpette pour finir, au milieu des bruyères. Cette marche est vraiment top !
On passe par une panoplie de couleurs surréaliste, et je me dis que ma Bretagne est vraiment belle (bon ok, là on a du bol avec le soleil…). Du violet, du vert, du blanc, de l’ocre, du bleu, du bleu, et encore du bleu ! Finalement, les plages du sud-ouest de l’Australie ne sont pas si uniques que cela :-).
Les Monts d’Arrée, randonnée entre landes et tourbières
Comment ne pas finir ce weekend de randonnée dans le Finistère, sans passer par les Monts d’Arrée ?
Ce lieu est mythique, il associe aux plus hauts sommets du Monde (un peu moins de 400m de haut…), une ambiance digne des films d’épouvante. Entre ses marais, ses tourbières et ses landes embrumées, on pourrait croire que ce lieu n’invite pas à sa découverte. Mais en fait, c’est vraiment un endroit à visiter si vous venez dans le Parc Naturel Régional d’Armorique.
Le Youdig, une chambre d’hôte mémorable
A la fin de notre deuxième journée, et afin de pouvoir démarrer tôt ce dernier jour de marche, nous sommes descendus à la chambre d’hôtes Le Youdig. Bien que désert, l’endroit était charmant, mais notre chambre bénéficiait d’une déco… on va dire d’époque !
Mais c’est surtout le fait de devoir dormir dans le même lit que mon père qui m’a marqué ! Honnêtement, je n’ai pas le moindre souvenir d’avoir déjà dormi avec lui… Même si cela a surement du arriver dans ma jeunesse. Entre ronfleurs, on s’en est bien sorti en tout cas 🙂
Monts d’Arrée, départ à la ferme d’Antéa
Le point de départ de notre randonnée du jour est la ferme d’Antéa. Cette ancienne ferme est aujourd’hui un lieu d’arts et d’événements.
On suit ensuite un petit chemin qui doit nous amener devant les noces de pierre. C’est un alignement de menhirs dans un champ, qui témoigne de la pétrification du cortège d’un mariage. Ces gens se seraient moqué du curé de Botmeur, et Saint Michel les aurait alors changés en menhirs. Bon là pour nous, faut de l’imagination. Entre la brume, les hautes herbes et la petite taille des mégalithes, on ne voit quasiment rien… Tant pis !
Yeun Elez, les tourbières de l’enfer
La suite du chemin se fait sur des caillebotis, afin de ne pas s’enfoncer dans les tourbières de Yeun Elez. Surnommées les portes de l’enfer, l’endroit est vraiment l’image de ce que j’avais en tête ! Moi ça me fait penser à toutes ces légendes venues de Grande-Bretagne, et aussi au film le chien des Baskerville (de Sir Arthur Conan Doyle).
On arrive ensuite aux abords du lac de Brennilis, qui est un réservoir d’eau. Et on passe ensuite différents hameaux : Kernévez, Balanec-Ber, Botcador et la Croix cassée.
Les Monts d’Arrée vus du sommet
On arrive enfin sur les crêtes rocheuses de Tuchenn Kador. Ca y est, nous y voilà !!! 384m de haut ! Nous sommes sur l’un des plus hauts sommets de Bretagne. La vue sur les landes est superbe, même si on a encore un peu de brume. Du coup, on s’arrête au milieu des rochers granitiques pour casser la croute, avec nos petits sandwichs faits maison.
Après ce bon repas, nous reprenons notre marche, et filons droit sur la montagne de Saint-Michel de Braspart, aussi appelée le Menez Kronan, qui culmine à 383m ! Rien que ça. Cette vieille montagne, sertie d’une chapelle, était autrefois un lieu de culte sacré, dédié au soleil. Quelque chose me dit qu’il ne devait pas bien être honoré, car on ne l’a pas beaucoup vu aujourd’hui…
Bilan de ce weekend entre père et fils
Nous sommes déjà à la fin de ce long weekend entre père et fils. Et il est temps pour moi de regagner la Loire Atlantique. Franchement, cela m’a vraiment fait plaisir de partager ces moments avec mon père.
On n’a pas fait des marches trop dures, ni dormi dans des conditions trop contraignantes. Je ne souhaitais pas mettre mon père en difficulté. Mais en fait, il est en forme, et il a de bons restes 🙂
Il faudra que je hausse le niveau de difficulté pour la prochaine sortie ! En tout cas, on a vraiment passé de supers moments ensemble, et l’expérience est à renouveler. Il n’y a pas d’âge pour commencer à profiter de ses proches, et le temps perdu ne pourra jamais être rattrapé.
J’espère que ce genre de partage nous permettra de tisser plus de liens ensemble, et je conseille à tout le monde d’en faire autant avec sa famille ou ses amis !