Échauffement avant la grimpette
Après avoir pu se reposer tranquillement sur Gili Air, nous partons direction Seneru, le village départ le plus fréquenté pour l’ascension du Rinjani. Celle-ci pouvant se faire dans les deux sens, on risque donc de croiser du monde en sens inverse. De plus, certains font des randonnées sur 2 jours, se limitant au bord du cratère sans aller sur le sommet. Ça risque de faire un peu de trafic.
Nous y passons une nuit, afin de pouvoir partir tôt le matin. Il va falloir grimper sec pendant 3 jours, on préfère donc prendre le temps d’arriver un jour en avance. En plus, cela nous permet de sympathiser avec les autres membres de notre groupe, qui est finalement assez grand.
Et pour se mettre en jambe après le farniente des plages, on passe la journée à marcher dans les environs, pour découvrir chutes d’eau et singes peuplant la forêt.
C’est parti pour 3 jours de trek !
Depuis que sommes en Australie, nous avons fait beaucoup de marches de quelques heures ou à la journée. Mais jamais de trek avec nuit sous la tente. Pour nous, c’est donc une première dans nos voyages.
Pour cela, il vaut mieux vérifier son équipement. Car vous pouvez tout à fait louer votre équipement avec votre agence, mais vous ne serez jamais sur d’avoir l’équipement le jour J, ni même d’avoir un équipement de qualité ou en bon état de marche.
Comme nous avions décidé de ne pas payer pour un bagage en soute, et que la saison était chaude pour nos vacances, on a pris le minimum du minimum avec nous en partance de Perth. Donc notre mini-valise à cabine ne contient pas vraiment le nécessaire pour un tel trek. On se procure donc tente, matelas de sol et sac de couchage à l’agence.
Pour les habits, on a emmené un gros manteau juste pour ce trek, et on a nos chaussures de randonnée avec nous. On sait que l’on va en avoir besoin là-haut entre le terrain difficile et le froid du à l’altitude.
A priori, cela devrait suffire. J’ai juste moi un petit souci. Contrairement à Morgane, je n’avais pas la place dans l’avion pour un petit sac à dos, et nos mini-valises ne peuvent convenir pour ce trek. J’en ai donc acheté un à Bali… qui a rendu l’âme en 2 jours ! J’en ai alors racheté un sur Java, qui pour l’instant semblait faire l’affaire. Mais les bretelles vont casser dès le début de la 1ère journée, et je vais donc devoir porter dans mes bras non seulement mon sac de couchage, mais aussi mon sac à dos, et ça pendant 3 jours de trek ! Super !
Faites attention à ne pas faire ce genre d’erreur si vous partez en ascension, avoir les mains libres est assez important.
Mais je ne me plains pas un instant, car à côté de moi, je vois nos braves porteurs qui doivent endurer bien pire. En haute saison, ils font ce trek 2 fois par semaine, en portant 40kg de nourriture et de matériel, marchent en tongs, et dorment les uns contre les autres sous une simple toile !
Avec Morgane, nous leur laisserons notre tente et nos duvets tous les matins pendant l’heure précédant le départ, afin de partager un peu de notre confort. Ils méritent vraiment notre aide et les pourboires à la fin seront généreux.
La journée se passe exclusivement en grimpant, et si on finit par sortir enfin de la forêt, Morgane commence à avoir des crampes d’estomac. Est-ce du à l’effort inhabituel ou aux restes de ses soucis de santé de Gili Air ? On ne le saura jamais, mais elle commence à sérieusement ralentir, et on doit rattraper le retard que nous prenons sur les autres. En plus, cette première journée avec 2000m de dénivelé nous parait interminable. Heureusement, le jeu en vaut la chandelle, et lorsque nous arrivons au bord du cratère, nous sommes largement récompensés de nos efforts ! Camper dans ses conditions est incroyable !
2e jour : plongeon dans la gueule du monstre
A peine levés, nos porteurs nous font un petit déjeuner de champion au vu des conditions, et nous partons ensuite rapidement vers le point de vue sur le fond du cratère du volcan.
La vue est superbe ! Et on découvre non pas un cratère, mais deux ! En fait, un volcan peut, en cas de nouvelle irruption, voir fleurir un ou plusieurs dômes. Et il n’est pas impossible de voir un dôme dans le dôme principal, comme ici.
Le temps d’immortaliser ce souvenir, nous prenons ensuite le chemin vers le lac du cratère. C’est 600m de dénivelé négatif qui nous attendent. Et ceux-là, ils font mal ! Le terrain est très rocheux et accidenté, et pas très facilement praticable surtout avec mes sacs dans les mains. Je vois les porteurs nous doubler avec leurs tongs, et notre respect pour eux croit de plus en plus.
Nous arrivons à la mi-journée au bord du lac, afin de reprendre des forces avec un bon plat de nouilles instantanées. Ici, le lac est ouvert à la pêche et à la nage. Certains de notre groupe y vont, malgré le grand froid de l’eau, et je me tâte à les rejoindre. Finalement, Morgane et moi préférons marcher quelques minutes de plus pour arriver aux sources d’eau chaude, un vrai bonheur de prendre un bain chaud au cœur d’un volcan en activité !
Une fois bien nourris et bien requinqués par un bain chaud, on repart à l’assaut du haut du cratère ! Il nous faut maintenant remonter 700m dans les mêmes conditions que précédemment, pour arriver au camp de base qui nous servira à l’ascension finale du sommet.
Arrivés sur place, nous faisons colocation avec les singes du volcan, qui sont bien chapardeurs ! Malheureusement, ils détruisent également ce qui nous sert de sacs poubelles, répandant des déchets dans la montagne. Si pouvoir venir dans de tels environnements est précieux pour nous, nous ne pouvons fermer les yeux sur l’impact du tourisme. Cela commence à nous faire sérieusement réfléchir à trouver des solutions pour réduire cet impact à l’avenir. Manger des fruits et légumes par exemple, ou des fruits secs, afin de ne pas avoir de déchets plastiques.
Après un bon plat de riz avec œuf au plat, il est temps de se coucher. Le départ pour le sommet va se faire dans quelques heures, de nuit et par le froid. Morgane qui est affaiblie préfère rester au camp où elle m’attendra pendant que je monte à 3700m pour arriver au bout de ce trek !
3e jour : toucher les étoiles
Après un rapide petit déjeuner, je vois les premiers groupes partir à l’assaut du sommet, et je bouillonne !
Je ne comprends pas ce qui nous retient aussi longtemps, et le temps passe au fil des groupes de randonneurs…
Finalement, nous partons à la frontale, en rangs serrés avec nos deux guides. De nuit, le terrain peut être dangereux, nous allons être sur une arrête parfois étroite.
La première partie nous met dans le dur dès le début ! La pente est extrêmement raide, et le terrain très glissant. Sans bâton, la plupart d’entre nous devons y aller à quatre pattes. Assez vite, je me retrouve à devoir doubler les gens qui sont plus lents que moi. La montée est dure et éprouvante, mais je suis assez en forme pour aller vite et me retrouver auprès des premiers de mon groupe pour une pause.
La seconde partie de la montée est bien plus tranquille, assez plate. Et je décide de tracer devant ! Pas question de rater le lever du soleil à cause de mon groupe qui a mis du temps à décoller, je pars seul avec ma faible frontale qui éclaire à peine mon chemin. Pour m’y retrouver, je dois sans cesse recoller avec les groupes partis en premier pour profiter de la lumière de leur équipement.
Finalement, la troisième et dernière partie débute, et je jette toutes mes forces dedans pour grimper au plus vite ! Mais là, la terre est cendreuse, et pour chaque pas fait, je glisse en arrière sur une distance presque équivalente. Je me remets à quatre pattes, fait trois pas, reprends mon souffle, et semble recommencer ainsi à l’infini !
Au bout de ces quelques heures d’ascension, j’arrive à des corniches dans lesquelles je vois 3 personnes s’abriter à différents endroits. Ils me disent qu’ils ont atteint le sommet, mais que le vent les a pousser à redescendre se protéger. Il fait nuit, mais je sens que je suis proche.
Encore un ultime effort, et j’y suis enfin ! Le sommet du Rinjani, et seul au monde. Le vent souffle, mais le manteau que je traine comme un boulet depuis le début de nos vacances me sert enfin.
Je prends le temps de prendre une collation, et de méditer calmement pour profiter de ce moment. 15 minutes s’écoulent ainsi, sans que personne ne vienne troubler ma quiétude.
Les gens arrivent ensuite, et le soleil point à l’horizon. Je ne comprends pas pourquoi, mais finalement ce levé de soleil me parait plus fade que d’avoir été seul de nuit sur le sommet. Pourtant la vue est magnifique. A l’Ouest, je distingue même les 3 iles Gili et le volcan de Bali.
Mais comme on commence à être un peu trop nombreux à mon goût, je décide de redescendre rejoindre Morgane. Je me sens dans une réelle béatitude, et je dévale les pentes, tout en faisant attention de ne pas faire une mauvaise chute. A mon retour, Morgane sera surprise que je sois le premier rentré au camp !
La suite de la journée sera bien difficile également, avec encore 2000m de dénivelé négatif à faire, sans bâton sur un terrain de terre très glissante. Nos guides nous disent de marcher sur les bords, dans les herbes, pour nous aider à ne pas tomber. Après plusieurs heures ainsi, nous regagnons le village d’arrivée, et repartons nous reposer sur Gili Air. Nous avons rendez-vous dans 2 jours pour notre croisière jusqu’au parc national Komodo !