Road trip sous un nuage de fumée en Colombie Britannique
Après avoir passé une semaine folle sur l’ile de Vancouver, nous retrouvons la partie continentale de la Colombie Britannique pour y poursuivre notre road trip canadien.
Petit couac malheureusement : des incendies font rage dans les forêts de l’Etat ! Et dès notre arrivée à Horseshoe Bay, nous sommes sous un épais nuage de fumée…
Bienvenue au pays des ours
A la base, on devait à partir de là faire pas mal de randonnées en Colombie Britannique, et surtout des nuits en bivouac ou dans des campings, sous la tente. Bon, avec Morgane enceinte, on a chamboulé tout ce programme.
Je pense que cela nous arrange un peu au final ! Car ici, c’est le pays des ours noirs et des grizzlis. Il est conseillé de ne pas partir dans la nature à moins d’être en groupe de 4 adultes minimum. Comme nous ne sommes que 2, vous voyez notre souci. Du coup, on se dit que l’on va plutôt essayer de faire le plus de lieux sympas avec la voiture, et de dormir dans des hôtels et AirBnB. Le budget risque d’en prendre un sacré coup !
A partir de Horseshoe Bay où le ferry nous dépose depuis Vancouver Island, nous remontons le long de la superbe Sea To Sky Highway. Enfin superbe… Il parait. Cette route navigue entre mer et montagnes, mais avec les fumées des incendies, les vues sont vraiment bouchées :'(.
Après 30 minutes de route, nous arrivons à Shannon Falls. D’une hauteur de 335m, ces chutes sont vraiment très belles, très sauvages. En plus, elles sont très facilement accessibles depuis la route. Les Shannon Falls se jettent d’un vieux morceau de granit, apparemment un des plus gros monolithes au monde !
Après encore 30 minutes de route, toujours plus vers le nord, nous arrivons aux Brandywine Falls. Son nom très suggestif provient de deux bouteilles (une de brandy, une de vin), qui y auraient été jetées par des employés du chemin de fer. Vraie histoire ou pas, cette chute d’eau est très jolie, surtout depuis le point de vue en hauteur duquel on peut les admirer.
Whistler, skier en Colombie Britannique
Nous arrivons en fin de journée à Whistler, une petite ville super branchée, nichée au coeur de la montagne. Ici, en hiver, le coin devient un domaine skiable de luxe. Mais l’été, c’est le paradis des randonneurs et des amoureux de VTT. Attention aux ours tout de même, ils ne sont jamais très loin. On aura même l’occasion d’en voir depuis la route…
On passe la nuit dans un lodge hyper sympa, mais Morgane n’a pas trop aimé le côté « tous ensemble » dans une grande chambre. Moi, ça me rappelle les auberges de jeunesse au début de notre aventure Australienne :-). Mais bon, je ne suis pas enceinte…
Le lendemain matin, nous partons vers le Cheakamus Lake. Une petite balade de 6km aller-retour, qui nous a paru très longue ! Avec la peur d’y croiser un ours, on passe notre temps à parler fort et à chanter. On est clairement pas destinés à une carrière musicale ! Heureusement que nous croisons peu de monde (ou pas !). La couleur de l’eau est presque vert émeraude, c’est de toute beauté !
Après ces frissons exaltants (j’essaie de nous faire passer pour de courageux explorateurs), nous retournons sur Whistler pour déjeuner à l’excellent The Green Moustache. Bio, Vegan, Gluten Free, Ayurvédique. Bref, bon pour le corps et l’esprit. Allez-y les yeux fermés !
L’enfer de Lilooet
A une vingtaine de minutes de Whistler, en continuant de suivre la route 99, nous arrivons aux Nairn Falls. C’est une sorte de mini-canyon, avec des trous creusés dans la roche. C’est vraiment super joli, avec cette eau qui déferle à toute vitesse.
Retour sur la route pour un nouveau court trajet de 30 mn. On arrive au Joffre Lake. Depuis le parking en contrebas de la route, c’est une petite marche qui nous attend. Au bout, un super petit lac de glacier, avec une vue à peu près dégagée sur les glaciers et les montagnes enneigées ! On se dit que l’on va peut-être pouvoir profiter à fond de nos sorties maintenant.
Le coin est vraiment trop beau, et hyper photogénique. C’est l’image que l’on se faisait de tous ces lacs et montagnes de Colombie Britannique, alors on est vraiment reboostés à bloc pour la suite. Mais notre joie sera de courte durée…
En à peine 15 minutes de route supplémentaires, nous longeons désormais le Duffey Lake. Au bout, il y a un énorme bouchon avec plein de troncs d’arbres morts, blanchis par l’eau. C’est encore très beau, mais on constate que la fumée redevient assez présente.
Après la rencontre d’une biche et de son faon sur le bord de la route, nous finissons par atteindre l’étape du jour : Lilooet. Bon… on ne va pas se mentir, cette bourgade ne nous a pas du tout emballés ! Contrairement à son nom, très mignon, la ville de Lilooet au milieu de la fumée, rougie par le soleil du soir, c’est une vision très très glauque. On se croirait vraiment dans les enfers ici. En plus, la roche des montagnes est rouge aussi, ce qui aimplifie cette vision post-apocalyptique (si toi aussi tu penses que j’en fais trop, hésites pas à me le dire !).
Hope : vers le sud de la Colombie Britannique
Une fois à Lilooet, nous aurions normalement du continuer la route jusque Kamloops, en direction des parcs nationaux des Glaciers, de Yoho et de Banff. C’était le plan originel. Là-bas, de superbes montagnes, des lacs aux couleurs incroyables et la vie sauvage telle qu’on l’aime.
Mais comme vous le comprenez surement déjà, nous n’y sommes jamais parvenus… En fait, on commence un peu à déprimer, car cette fumée nous gâche clairement la seconde partie de nos vacances en Colombie Britannique. Alors, on ne va pas pleurer, car les conséquences de ces fumées vont bien au-delà de deux pauvres touristes français en perdition. Et notre perte n’est que minime dans le fond.
Alors on ne se démonte pas et on change notre fusil d’épaule. On se fait quand même la promesse de revenir un jour visiter ces fantastiques parcs nationaux, logés entre la Colombie-Britannique et l’Alberta. On prend donc la route 12, vers Lytton et Hope. Le nom de cette dernière ville ne nous mettra pas de baume au coeur en tout cas !
Aux abords de Lytton, il y a un super parc pour la randonnée : Stein River Park. Mais bon, on a fait une croix sur cette activité pour notre séjour ici. On continue donc notre route vers les fameux Othello Tunnels. Depuis Lilooet, il nous aura fallu un peu plus de 2h de route pour y parvenir.
Situés à quelques kilomètres seulement de Hope, ces tunnels géants sont au coeur du Coquihalla Canyon Provincial Park. Ils datent du début du 20e siècle et étaient destinés au transport de passager par voie ferrée. Mais la nature ne voulait pas de ce train visiblement, car à force d’éboulements et de chutes de neige, ils ont fermé cette ligne ferroviaire en 1959. Pensez à prendre une source de lumière, car il fait nuit noire dans l’un des tunnels. Rassurez-vous, il n’y a aucun danger. En théorie…
A proximité, je vois quelques jeunes qui bravent l’interdiction de se baigner dans la rivière en contrebas. Je suis partagé entre leur manque de respect pour l’interdiction, ou pour le courage que je n’ai pas à sauter d’aussi haut depuis les parois rocheuses ! #Froussard
De Hope à Keremeos
Le lendemain, nous reprenons la route vers le sud est, direction Keremeos. Pour y aller, on prend la Route 3, CrowsNest Highway. On se croirait dans la série Game of Thrones avec un nom comme ça ! Je cherche un loup géant, mais ils semblent avoir quitté ce monde… Dommage.
Après une vingtaine de minutes, on fait un court stop sur la route, pour se balader en forêt : Sumallo Grove et Rhododendron Flats. Des noms pleins de promesses, mais finalement assez décevants. On n’a pas vu une seule fleur, ni aucun grizzli (ça, je ne sais jamais si c’est une bonne ou une mauvaise chose…).
Encore 30 minutes sur la route, pour arriver au Lightning Lake, dans le Provincial Park EC Manning. On retrouve le sourire ! Pas de fumées, la montagne, un lac pour se baigner, et des forêts face à nous. Notre chance a-t-elle tournée ? Ni une ni deux, je fais l’effort d’aller dans l’eau. Je ne peux pas partir du Canada sans une baignade dans un lac.
Sur le site, on constate qu’il y a plein de trous. Ces trous sont autant de terriers pour les Hoary Marmots, aussi connues sous le nom de Ground Squirrels. Stylé d’avoir toutes ces petites bêtes autour de nous. On espère ne pas trop les déranger. Depuis le lac, et après avoir bien profité du lieu, on rejoint le Cascade Lookout de l’autre côté de la route principale. En 20 minutes, on arrive sur un très joli point de vue, habité par les écureuils et les oiseaux.
Après une rencontre forte agréable avec un écureuil, on repart sur la Route 3 pour 1h15 environ, jusqu’au Bromley Rock Provincial Park. Arrivés à un stop, on rejoint la rivière Similkameen, et on se jette à l’eau car il fait désormais 40°C !!! On suffoque littéralement, et on partage ce bon bain frais avec les locaux. Apparemment, c’est un spot très connu vu le nombre de personnes qu’il y a autour de nous. Bon, je ne suis pas fan des bouillons de culture, mais on s’en fout vu la chaleur !
Photographier les étoiles
Avant d’arriver en Colombie Britannique, je m’étais un peu renseigné pour faire des photos de Voie Lactée avant mon nouveau matos photo (Sony Alpha 7, objectif grand angle et trépied Manfrotto). Alors avec toute cette fumée, j’avais un peu mis cela de côté. Pour une bonne photo, il faut une nuit dégagée, si possible en montagne, sans pollution lumineuse et s’orienter vers le sud pour viser le coeur de la Voie Lactée.
Depuis quelques heures, je reprends espoir car Keremeos semble être une opportunité intéressante pour cela. En tout cas, à défaut d’être dans la nature en randonnée.
Mais mes espoirs sont très vite anéantis, car alors que nous longeons les vergers du coin, qui font la réputation de la région, on voit cette fumée revenir nous hanter.
Osoyoos et son climat désertique
Après une mauvaise nuit pour Morgane, et un petit déjeuner sous la fumée des feux de forêt, nous partons vers Osoyoos (40mn de route). Le long de la route, on voit plein d’étals qui vendent les fruits produits localement, sous la soleil de cette région si particulière. On est bien loin de l’image des neiges éternelles des montagnes des environs !
La ville a une autre particularité, elle est à seulement 3km de la frontière américaine. C’est donc un point de passage relativement aisé vers les Etats-Unis pour ceux qui voudraient y faire un détour.
Le long du lac Osoyoos, on trouve grâce à ce climat si spécifique, un petit désert : The Okanagan Desert. Malgré les arrivées toujours plus nombreuses de retraités, venus couler des joueurs heureux sous ce climat si chaud et sec, les descendants des indiens Okanagan ont entrepris de faire perdurer leur culture.
Nk’mip Desert cultural Centre
Ils ont donc ouvert un centre d’interprétation, le Nk’imp Desert Cultural Centre. A ce centre, vous pourrez découvrir la faune et la flore locales, au cours d’une petite excursion avec les descendants des « first-nations ». On pourra même gouter au mode de vie ancestral des premiers habitants de la région.
Attention, prévoyez quand même de l’eau. Certes, la balade n’est pas longue, mais on est sous le soleil. La végétation est relativement basse ici, donc peu d’ombre pour se rafraichir. Attention aussi où vous mettez les pieds. Le coin abrite des serpents à sonnette ! Alors c’est stylé à voir, mais ça peut être dangereux 🙂
Au cours de cette aventure, nos hôtes nous racontent l’histoire des Residential Schools, qui ont été utilisées par les colons européens pour assimiler les indiens à leur culture. Et bien sur, tout a été fait pour détruire la culture et les arts indiens. Les mêmes histoires se sont répétées partout où les colons européens sont allés…
Un homme s’est cependant distingué au 20e siècle pour contrecarrer cela : Anthony Walsh. Descendant irlandais des colons, et vétéran de guerre, il a tout fait pour concilier les cultures ensemble et préserver la richesse de celle des indiens.
Cela nous ramène à notre vie en Australie, où les histoires similaires sont nombreuses entre les colons et les aborigènes d’Australie. Cette manie de vouloir tout conquérir et se proclamer supérieur aux autres est désolante.
Une dernière nuit historique en Colombie Britannique
Nous voilà à la fin du voyage. Après un trajet d’1h30 sur la rive ouest du lac Okanagan, nous finissons notre road trip à West Kelowna (Kelowna signifie Grizzly dans la langue indienne locale). Honnêtement, cette ville n’a pas grand intérêt, mais les vues sur le lac et les vignobles sont sympas.
Mais si on se souviendra de ce lieu, c’est pour la nuit chez Barbara, qui nous a accueilli chez elle. Barbara est une polonaise qui vit depuis 20 ans en Colombie Britannique. Elle accueille des voyageurs de tous pays dans une ambiance… assez vieillotte ! Bon le mobilier n’est pas le sujet, mais son histoire personnelle est vraiment intéressante, et c’est une manière pour elle de passer d’agréables moments depuis la perte de son mari. Heuresement, elle a un de ses enfants qui vit à Calgari, et qui peut venir la voir souvent.
De manière assez ironique, la route du retour vers Vancouver (environ 4h) sera la plus belle de ce road trip, avec bien moins de fumées… On se le promet, nous reviendrons en Colombie Britannique, dans l’espoir d’un ciel plus clément !