Les villes de Bolivie
Après être revenus de notre road-trip au Salar d’Uyuni, nous avons décidé de passer en mode urbain.
On part donc avec nos amis Morgane et François à la découverte de 2 grandes villes boliviennes : Potosi et Sucre.
Potosi, ville des mineurs
Potosi fut pour les conquistadors leur mine d’or. Enfin, d’argent plutôt.
Dans les entrailles du Cerro Rico le précieux métal a attiré les colons espagnols, et avait considérablement enrichi leur empire. Si la ville fut autrefois une des plus riches du continent américain, aujourd’hui elle brille surtout par son histoire et ses jolis bâtiments dans le centre-ville.
Les mineurs gagnent mal leur vie aujourd’hui, et exercent un métier excessivement dangereux pour ramener ce qu’ils peuvent.
Aller visiter le Cerro Rico et les mines est donc la principale activité touristique de la ville, et y aller pose question. Faut-il soutenir financièrement les habitants de la ville par la manne financière du tourisme, quitte à laisser la mine ouverte pour cela et à possiblement les gêner dans leur travail ? Faut-il définitivement fermer les mines et laisser les gens démunis ?
Honnêtement, c’est assez complexe, mais après y avoir réfléchi, on se dit que notre argent peut les aider, et du coup on passe par une agence qui regroupe d’anciens mineurs, aujourd’hui devenus guides : Big Deal Tours.
Le marché des mineurs de Potosi
Pour commencer la journée, notre guide nous emmène au marché des mineurs de Potosi. C’est ici qu’ils viennent s’approvisionner en feuilles de coca et en dynamite. Quoi on ne vous a pas parlé des feuilles de coca ??? C’est la plante qui permet de faire la célèbre cocaïne, et qui est mastiquée à travers bon nombre de régions en Amérique du Sud. On l’avait testée au Chili, à Putre.
Pour bien profiter de ses effets (similaires à ceux de la caféine), il faut en faire une boule, la coller contre sa joue, et la mâcher de temps en temps pour extraire son essence. Les sud-américains en ont les dents noires à force ! (Ne rêvez pas d’en importer, c’est interdit en France, donc ne vous prenez pas pour un caïd de cartel…)
Notre guide nous invite ensuite à acheter des denrées pour les mineurs que nous croiserons dans les mines : alcool, dynamite, coca, tout est bon pour eux. Comme nous sommes convaincus que cela peut les aider, ou que nous sommes juste de gros pigeons (je fais très bien le roucoulement du pigeon !), on prend quelques bouteilles d’alcool pur et des feuilles de coca (les deux pouvant nous servir en fait…).
On poursuit le tour par une visite de l’usine de traitement des morceaux extraits de la montagne. Là, on découvre tous les traitements subis, et on imagine bien la pollution que cela génère. Pollution de l’eau et des sols, le nombre de produits utilisés est impressionnant !
Les mines de Cerro Rico
Vient enfin la visite des mines du Cerro Rico. C’est vraiment déstabilisant. Déjà, on a un peu peur que la montagne s’écroule. Elle s’affaisse à cause des nombreuses galeries, et parfois certaines parties s’effondrent. Il faut voir le Cerro Rico comme un gros bloc de gruyère (évitez quand même de croquer dedans…).
Vous nous excuserez pour la pauvre qualité des photos en basse lumière, mais notre vieux bridge est un peu défectueux, et il s’en sort difficilement dans ces exercices (je fais ce que peux en mode manuel avec…).
On se croirait dans les tranchées ou les bunkers pendant les guerres mondiales (enfin, on le pense), et comme les boliviens sont tous petits, moi je galère du haut de mon mètre 81 ! Mais bon, je trouve ça assez génial de se balader à l’intérieur de la montagne, ça me fait penser aux nains dans le Seigneur des anneaux.
On prend des échelles, des tunnels, on voit des minerais de différentes couleurs, des trous pré-percés pour insérer les bâtons de dynamite, puis on aboutit enfin devant le Tio Benito.
El Tio Benito
Qu’est-ce que c’est que ce truc encore ???
Alors là, on rentre en plein dans le folklore local ! Le Tio Benito, c’est « l’Oncle Béni » de la montagne du Cerro Rico et des mineurs. Démon des mondes souterrains, El Tio a sa propre statue dans les entrailles de la Terre, mais loin d’être une figure mauvaise, le démon cornu et fort bien membré (non non, je ne suis pas jaloux !) apporte sa bénédiction et sa bienveillance aux mineurs.
Pour cela, il faut quand même s’acquitter d’offrandes, afin de lui plaire. Notre guide nous initie donc aux rites locaux, et nous demande de lui offrir feuilles de coca, cigarettes, et alcool. Heureusement, l’alcool, il faut d’abord en prendre une gorgée, puis une deuxième, avant de tout verser sur sa statue.
Faudrait quand même pas gâcher de l’alcool pur ! (En plus, moi je trouve qu’il passe super bien…)
Bilan de Potosi
Après la visite des mines, où l’on a croisé des mineurs mineurs (je ne suis pas bourré promis, je parle de mineurs pas majeurs quoi…), nous on a quand même trouvé cela intéressant. Ça remue les tripes et cela nous ouvre les yeux sur les conditions de travail à travers le Monde de certains ouvriers. On a repensé aux porteurs de souffre d’Indonésie.
En plus, le centre de la ville est vraiment joli, et on a pris un peu de temps pour regarder les habitants vivre leur vie, pour assister à un spectacle dans la rue ce jour-là, visiter le musée de la monnaie et admirer les bâtiments colorés dans les rues.
On a aussi bien aimé notre hôtel, l’Hostal Koala Den, où la décence m’empêchera de révéler les discussions quelques peu scabreuses (et un peu bizarre, voire inquiétantes…) que l’on a pu avoir avec nos amis en buvant peut-être un peu trop de bière.
Sucre, ville blanche étudiante
On continue notre découverte de la Bolivie en arrivant à Sucre, la plus belle ville du pays !
Et honnêtement, les premiers coups d’œil ne démentent pas cette réputation. Le centre-ville est magnifique, avec des bâtiments coloniaux très blancs, et une vie incroyable dans les rues. Il y a plein de monde ici, et beaucoup de jeunes notamment.
Sucre, c’est aussi le lieu où fut proclamée l’indépendance du pays, et est la capitale constitutionnelle de la Bolivie. On y compte plus de 200 000 habitants de nos jours.
Du coup, la ville regorge de musées, de bâtiments coloniaux, de couvents et d’églises à visiter. Donc n’hésitez pas à vous laisser le temps de profiter du charme de l’endroit ! Il y a vraiment plein de jolis coins à voir. Notre guide Lonely Planet a été bien utile pour tout voir ici.
On retrouve même un peu de chez nous au Parque Bolivar. Il y a une petite tour, réplique de la Tour Eiffel, qui date de 1906 et construite par le même architecte.
Nos coups de cœurs à Sucre
On a beau être dans une grande ville, on tombe vraiment amoureux de Sucre. Et pourtant, nous les grandes villes, c’est pas trop notre kif d’habitude.
Deux lieux nous ont plu d’avantage que le reste :
- Le Mercado Central
- Le Museo de Arte Indigena ASUR
Le Mercado Central, c’est un très bon lieu pour s’imprégner de la vie locale, et pour se restaurer à la locale pour pas cher. On y découvre plein de fruits et légumes en tout sens, et il y a beaucoup de petites échoppes pour déguster la gastronomie bolivienne (bon, on s’en tape pas le cul par terre non plus :-)). François, en tant qu’adepte du grand chef Alain Passard, doit se contenter de plats parfois un peu fades.
Ce sont souvent les femmes que nous voyons aux commandes des magasins et restaurants, et tant mieux ! On les trouve bien plus avenantes et souriantes que leurs maris, parfois assez bourrus et austères. Leur joie de vivre me rappelle Irma, renconrée au Salar d’Uyuni.
Le Museo de Arte Indigena, c’est un très joli petit musée sur l’art textile bolivien. On ne s’attendait pas à y prendre autant de plaisir, et on en apprend beaucoup sur les traditions vestimentaires et les codes de la société traditionnelle bolivienne. En plus, vous pouvez y voir une artisane en plein travail, et on est impressionnés par son expertise dans l’emploi d’un métier à tisser. C’est pas Morgane qui me ferait de jolis vêtements comme ça ! (je vais peut-être revenir plus tard à Sucre pour chercher une deuxième femme bolivienne…).
Marché de Tarabuco
A environ 60km de Sucre se trouve le petit village de Tarabuco, célèbre pour son marché et pour les textiles qui y sont vendus.
Les hommes sont notamment la meilleure attraction pour moi, avec des tenues traditionnelles vraiment très belles, mais aussi très chères ! Du coup, on se contente d’acheter une fausse vieille carte du monde, que l’on fera encadrer à notre retour en France.
Commerces et restaurants de Sucre
En tant que Breton, je ne pouvais pas faire l’impasse sur le restaurant La Patisserie. C’est d’ailleurs plus un salon de thé, mais on s’en fout, ils font des crêpes et des galettes ! Et avec un vrai billig en plus !
Un restaurant qui s’appelle La Patisserie, à Sucre… Ils ont de l’humour en tout cas ces boliviens ! Et franchement, moi je les ai trouvées plutôt bonnes. Mais bon, en Amérique du Sud, ça ne court pas les rues les crêpes (pour autant qu’elles puissent courir…).
Un peu plus loin dans la même rue, il y a aussi un magasin de produits fabriqués localement, Inca Pallay. Il s’agit d’une coopérative d’artisans et de tisserands proposant à la vente leurs créations de bonne qualité. Le fruit de la vente étant largement restitué aux créateurs. L’occasion pour nous de s’essayer à la mode traditionnelle, et de repartir les sacs pleins, et les bourses vides !
Ce n’est qu’un au revoir…
On arrive à la fin de notre séjour à Sucre, et il va nous falloir dire au revoir à Morgane et François.
Cela fait maintenant quelques semaines que nos chemins se croisent, mais notre itinéraire part désormais dans une direction opposée à la leur. Et comme nous allons nous rendre plus vite au Pérou, on se dit au revoir, avec la certitude de se revoir en France. Ils viendront en effet habiter dans la même ville que nous après leurs voyages !
Après une dernière soirée arrosée en leur compagnie, il est maintenant temps de filer voir les dinosaures de Torotoro !