Randonnée dans les Annapurnas : un trek mythique du Népal
Le Népal fait partie des pays qui sont des paradis pour randonneurs.
De hautes montagnes, des rivières et des lacs d’altitude aux teintes blanches et bleutées, des animaux surprenants, des refuges accueillants, tout y est. Quoi de mieux pour une randonnée dans les Annapurnas ?
C’est la principale raison de notre venue ici, celle d’avoir la chance de fouler les plus hautes montagnes du Monde. Alors certes, on n’ira pas sur le sommet de l’Everest, mais peu importe, on vit un rêve éveillé. Et pour nous, l’Himalaya, on le vivra à fond lors d’un trek dans les Annapurnas. C’est l’une des routes les plus célèbres du pays.
S’organiser pour une telle randonnée
On ne part pas comme ça dans les Annapurnas ! Avant, il faut bien se préparer.
La première démarche à faire, c’est de vous présenter au Nepal Tourism Board de Katmandou, pour obtenir votre TIMS. Allez voir leur site pour plus d’informations. Cela vous permet de glaner quelques informations de sécurité, et surtout de vous enregistrer dans leur base de données. De plus, cette carte vous sera nécessaire pour passer les divers checkpoints dans les villages du trek. Ne perdez pas de temps, faites-le dès que possible ! Le but est de vite se libérer des contraintes administratives.
Ensuite, vous allez devoir arpenter le quartier de Thamel pour trouver tout l’équipement que vous n’auriez pas. Tout, mais alors tout, est trouvable dans ce quartier :
- Carte du trek : attention, cette carte peut s’avérer très importante, tant pour le calcul des temps de marche que pour retrouver votre chemin (comparez-les entre elles, car il peut y avoir des écarts significatifs d’échelles et de temps de marche)
- Sac à dos : ce trek peut se faire avec un simple sac à dos pour la journée, disons 30 litres max. Il y a des refuges souvent, avec possibilité de vous restaurer et de dormir. On n’est pas sur un trek en pleine autonomie, profitez-en pour marcher léger
- Chaussures : vous pouvez les louer aux magasins de Thamel. Prenez les hautes pour protéger vos chevilles
- Guêtres : on avait fait le choix de s’en passer, on le regrette un peu. Si vous le pouvez, prenez-en pour vous protéger de la neige
- Crampons : là aussi, on a préféré ne pas en prendre. La météo nous a plutôt donné raison, mais il peut y avoir des portions glacées, donc à vous de voir en fonction de la saison
- Sac de couchage : IN-DIS-PEN-SABLE ! Certes, les refuges ont tous des draps, mais on y est allé en hiver, et il faisait vraiment froid, nous étions paralysés en dehors des temps de marche le soir. Il faut prendre les meilleurs possible, vous ne le regretterez pas malgré l’encombrement
- Bâtons : là aussi, c’est un incontournable. J’ai perdu mes genoux lors de la descente, et pourtant j’avais mes bâtons…
- Argent liquide : ne comptez pas trouver de distributeurs là-haut, et les prix montent en même temps que l’altitude. Calculez bien votre budget en amont pour ne pas vous retrouver coincés
Le reste est assez classique, vêtement chaud pour le froid, coupe-vent, et protection contre la pluie. Pensez bien à la règle des 3 couches pour vous vêtir.
La règle des 3 couches
Ah la fameuse règle des 3 couches !
Quel randonneur un tant soit peu expérimenté ne la connait pas ? Voici une version simple :
- Première couche : c’est celle qui est en contact avec votre peau. Elle doit retenir faiblement l’humidité, et laisser s’évacuer votre transpiration. Le but est de vous garder au sec. Donc on oublie le coton, qui retient l’eau et sèche lentement. Et on opte pour des fibres synthétiques, ou du mérinos (laine de mouton mérinos)
- Deuxième couche : c’est celle qui est entre les 3 couches. Elle a un rôle d’isolant. Et en matière d’isolation, ce n’est pas toujours celui qui a la plus grosse qui gagne. C’est comme pour les fenêtres, le plus important, c’est de laisser l’air isoler entre vos couches. Prenez un vêtement qui tienne chaud donc, tout en favorisant l’évacuation vers l’extérieur de l’humidité
- Troisième couche : c’est votre premier rempart contre les éléments extérieurs ! Elle doit vous protéger du vent, qui vous prive de la chaleur à la surface de votre corps, et de la pluie, qui vous expose au froid et vous alourdit. Attention cependant, toutes les matières ne permettent pas d’évacuer l’humidité interne vers l’extérieur, et cela a pour effet de vous faire transpirer encore plus…
Quand partir dans les Annapurnas ?
Partir en montagne, cela peut s’avérer dangereux toute l’année. Mais si on peut se faciliter la vie, autant le faire non ?
Pour trekker dans les Annapurnas, le mieux est de partir aux belles saisons, à savoir Avril et Octobre. Mais attention, même à ces périodes la météo peut vite tourner en haute altitude, et les accidents mortels arrivent parfois. En plus, comme c’est la haute saison, les chemins et les refuges sont pris d’assaut par les touristes.
De notre côté, nous n’avons pas franchement le choix, on se contentera de fin Janvier ! Et pour tout vous dire on ne le regrette pas. Certes, on a eu quelques déboires (voir plus loin…), mais on a croisé en gros 1 randonneur ou 1 groupe par jour. Le kif total !
Malgré tout, en Janvier le risque d’être bloqué par la neige en altitude existe, ce qui peut vous empêcher de franchir la passe de Thorung La.
Démarrer le trek
Bon, c’est pas tout, mais il faut maintenant y aller 🙂
On commence par prendre le bus à partir de Katmandou, direction Besi Sahar. Il faut en temps normal 6h de route pour ce trajet. Mais la route est très fréquentée, et il y a au moment de notre venue des grèves qui paralysent le pays. Un conflit avec l’Inde et l’essence. Bref, on fera les frais de ces histoires, et notre temps de route grimpe à 9h/10h dans les deux sens… Heureusement, il y a toujours du monde sur la route pour vous vendre à boire et à manger, et la vue depuis ces routes de montagne est magnifique ! La rivière en contrebas offre des superbes photos pour ceux qui n’ont pas trop le vertige.
Une fois arrivés à Besi Sahar, nous prenons un petit bus jusque Bhulbule (j’adore ce nom !), qui vous fait prendre un chemin assez chaotique. Mais on arrive quand même à bon port, et mine de rien il est déjà tard, donc nous dormons sur place. La première journée de marche n’est pas top, donc vous pouvez sauter cette première journée, ou faire comme nous, marcher un jour de plus.
Marcher le long des rizières
On ne s’attendait pas à cela, mais passés les premiers kilomètres sur une route de terre plus faite pour les jeeps que les randonneurs, on arrive au cœur de rizières.
On démarre enfin pour de vrai ce trek, et j’aurais même le temps d’aller me baigner dans une magnifique source d’eau chaude ! Depuis la Nouvelle-Zélande, je ne peux pas m’empêcher de profiter de ces merveilles de la nature. Bon là, je dois avouer que l’eau n’était pas très belle, mais qu’importe, ça claque de faire cela dans l’Himalaya !
La randonnée, pour se rapprocher des gens
Après deux journées de marche (avec une deuxième nuit à Ghermu), nous arrivons tranquillement à Tal. Pour moi, c’est l’un des plus beaux villages du trek, car situé au bord d’un lac.
Le lieu est vraiment splendide, et on est bien content d’y arriver ! Malheureusement, comme depuis le début, impossible de prendre une douche. L’hôtel où nous descendons n’a pas de gaz, donc on ne peut que se rincer vite fait avec l’eau, mais elle est gelée. Les filles ne pourront toujours pas se shampooiner.
Sur la fin de la journée, nous avons croisé un espagnol, qui faisait la route en solitaire. Comme nous sommes allés au même hôtel, on décide de lui proposer de se joindre à nous. Honnêtement, on se dit que ça serait quand même plus sympa pour lui, et en cas de problème, il ne serait pas seul. Carlos, notre nouveau compagnon, accepte avec plaisir notre invitation !
Carlos fait partie de ces gens qui peuvent vous marquer. Parti depuis quelques temps de son pays, il vit en Inde, où il vient en aide aux populations locales les plus démunies. Il a le cœur sur la main, et est très imprégné des cultures locales. C’est un plaisir de parler avec lui, et je m’essaie aussi à pratiquer mon faible espagnol appris avant de partir d’Australie, en prévision de nos voyages en Amérique du Sud.
Un peu plus tard, nous croiserons la route de Marc et de son amie, deux espagnols qui grossirons nos rangs. Et un chinois, Jack, viendra apporter un peu plus d’exotisme à notre petite bande ! Pour ses massages rugueux et sa façon de manger hors du commun, on ne risque pas de l’oublier !
En dehors de ces rencontres entre voyageurs, le trek permet aussi de se rapprocher des gens que nous croisons dans les villages. Ils ont tous des choses à nous apprendre, et c’est toujours un plaisir d’apprendre le maximum sur leur vie et leur culture. Les enfants font également partie de ces rencontres qui restent gravées dans nos mémoires. Comment ne pas se prendre au jeu lorsqu’un groupe nous attaque à coup de boules de neige ? Ces histories dans l’histoire sont le trésor d’un voyage.
L’importance d’une bonne carte
Dans ce genre d’aventures, et comme je vous le disais plus haut, ne partez pas sans une bonne carte !
Si ce trek peut être fait en compagnie d’un guide, il est largement faisable sans. D’ailleurs, tous les gens qui avaient un guide prenait la route des 4×4, et tous ceux qui comme nous n’en avaient pas, passaient par le sentier de randonnée. A vous de juger comment vous voulez profiter de votre trek.
A deux occasions nous avons regretté de ne pas avoir une bonne carte. La première fois, c’était avant d’arriver à Tal, j’ai pris un chemin utilisé par les vaches, sauf que ce chemin ne menait nul part, était hyper étroit, et bordait un précipice…
Après mettre rendu compte de mon erreur, on a fait demi-tour, mais il fallait esquiver les vaches qui prenaient peur de nous et couraient ! Petite frayeur sans conséquence heureusement.
La deuxième fois, c’est pendant la 3e journée, en parant de Tal direction Chame. On voulait absolument arriver à Chame, et pour gagner du temps, vous pouvez soit finir par un passage en forêt, soit prendre la route des 4×4. La nuit commençait doucement à tomber, mais on était serein avec les filles et Carlos, alors on a pris l’option forêt.
Petit souci, cette portion, ombragée, était encore sous la neige. Et comme personne n’était passé avant nous, il n’y avait ni trace, ni sentier visible… Donc on marchait en suivant ce qu’on pensait être le chemin. Cette portion, sur la carte de Carlos, devait durer 30 minutes. Après 60 minutes, on s’est arrêté pour faire un point et prendre une décision. La nuit commençait sérieusement à tomber, un peu de neige aussi, et on ne savait pas le temps de marche restant.
Après discussion, on prend la décision de continuer 15/20 minutes, puis de faire demi-tour si on aboutit nul part, pour reprendre la route à 4×4.
Et c’est là que surgit Jack, rencontré le midi, et avec conviction il nous dit que l’on est bientôt arrivé. Perso, je ne l’ai pas cru car il faisait ce trek pour la première fois. Mais son enthousiasme nous a reboosté, et on a décidé de le suivre au moins pour 15 minutes.
Résultat, après 5 minutes de marche supplémentaires, on arrive sur le pont menant au village de Chame :-). On peut vous dire que nous étions vraiment tous soulagés de ne pas passer la nuit dehors sans tente et sous la neige !
Prendre son temps
Sur ce trek, on a aussi croisé un duo de français qui s’est mit en tête de monter le plus vite possible en altitude. Leur marche ressemblait plus à du trail qu’à de la randonnée. De notre côté, on préfère prendre notre temps.
Passée une certaine hauteur, il est important de prendre son temps et de monter doucement. Se limiter dans le dénivelé positif chaque jour est une bonne idée pour la santé, et aussi pour profiter des lieux.
Le long du trek, il existe des endroits à visiter en plus du sentier principal. Ainsi, à Upper Pisang, après notre 4e journée de marche, nous trouvons un chemin menant à des ruines un peu plus haut sur le versant de la montagne. Il faut partir du temple du village, et monter. Au bout d’un moment, vous arriverez sur des ruines d’une ancienne habitation, à côté de laquelle beaucoup de drapeaux de prières bouddhistes flottent dans les airs. On aperçoit même des yaks pour la première fois de notre vie ! Ils ont tendance à être plus en altitude, mais pas de doute, ce sont bien des yaks paissant tranquillement.
Après 6 jours de marche, nous arrivons à Manang, qui marque aussi la fin de la route à 4×4. A partir de là, il y a plusieurs marches alternatives possibles. Nous on se lance dans une marche nous emmenant sur le versant opposé, en hauteur, et qui aboutit sur une auberge. Depuis ce point de vue, on voit le village en contrebas et un énorme lac gelé ! Une vue incroyable, mais nous n’aurons vu aucune trace du léopard des neiges qui trainent dans les environs. Un animal extrêmement rare à voir.
La fin de notre trek
Normalement, de Manang, il ne reste plus que 2 étapes avant d’arriver à la passe de Thorung La, à 5416m. Moi je rêve de la franchir, mais on commence à douter dans notre équipe.
On nous dit qu’il y a encore de la neige au niveau de la passe, et on sait que cela peut parfois être dangereux. J’essaie de motiver les filles, mais cela fait 7 jours que nous marchons, et le mental est entamé. Nous n’avons pas vu de douche depuis une semaine et Marine a eu quelques petits soucis digestifs depuis le début.
A regret, on prend la décision de ne pas aller plus loin, et de laisser Carlos avec Marc et son amie. Honnêtement, je préfère qu’on en reste là plutôt que de se lancer à l’attaque de la passe avec une équipe amoindrie physiquement et mentalement.
Carlos me propose de finir le trek avec eux. Mais je ne peux pas me résoudre à me séparer de Morgane et Marine, car cela implique plusieurs jours sans nouvelles, jusqu’au retour à Katmandou.
Il faut savoir dans les moments délicats prendre le temps de réfléchir. Dépasser ses limites permet de réaliser des choses que l’on ne ferait pas d’habitude, et c’est essentiel. Mais il faut aussi savoir quand le risque peut être trop grand et nuire à une si belle aventure.
La descente, pas une partie de plaisir !
S’il nous a fallu 7 jours pour monter tranquillement jusque Manang, il nous aura fallu seulement 3 jours pour redescendre jusque Besi Sahar.
La première journée, nous avons descendu une trentaine de kilomètres, ce qui était une mauvaise décision pour mes genoux !
Nous avions bien nos bâtons, mais l’effort a été un peu trop élevé pour mes articulations. J’ai fini la randonnée en boitant sur plus de 30 kilomètres… Cela nous a obligé à prendre un 4×4 en stop pour arriver jusque bon port le dernier jour. C’est une bonne chose, car je m’étais également trompé de route pour cette dernière journée. En fait, il n’y avait aucun village du côté de la montagne où nous étions !
Enfin, tout s’est bien terminé lors de cette randonnée dans les Annapurnas, et nous retournons maintenant vers Katmandou pour la fin de nos aventures népalaises.